Ardennes Thiérache

Deuxième roman de l’écri­­­­vain et avocat Abel Quen­­­­tin, Le Voyant d’Etampes, qui a reçu le prix de Flore 2021, raconte la plon­­­­gée d’un univer­­­­si­­­­taire retraité et alcoo­­­­lique, Jean Roscoff, dans l’en­­­­fer média­­­­tique de la ‘can­­­­cel cultu­­­­re’ et du ‘wokis­­­­me’. La raison de cette descente en enfer ? Roscoff a publié un livre, commencé des dizaines d’an­­­­nées aupa­­­­ra­­­­vant, sur le poète afro-améri­­­­cain Robert Willow (poète fictif). En tant qu’é­­­cri­­­­vain blanc, en avait-il le droit ? 

Alors que son éditeur le prévient que le livre aura certai­­­­ne­­­­ment très peu de retour média­­­­tique, un article sur un blog de poésie, accu­­­­sant Roscoff d’ap­­­pro­­­­pria­­­­tion cultu­­­­relle et d’avoir négligé l’im­­­por­­­­tance de la couleur de peau de Willow sur sa vie et son œuvre, va faire boule de neige. Roscoff se retrouve alors la cible d’une chasse à l’homme média­­­­tique, coincé entre ses détrac­­­­teurs passion­­­­nés et ses défen­­­­seurs gênants.

La force du roman de Quen­­­­tin est sa nuance ; il ne condamne ni son person­­­­nage ni ceux qui l’ac­­­cusent, décri­­­­vant simple­­­­ment, avec mordant et ironie, les excès que peut revê­­­­tir la bien-pensance à l’ère d’in­­­ter­­­­net et des réseaux sociaux, en lais­­­­sant de la place pour les sincères remises en ques­­­­tion de Roscoff sur son livre et sur la façon dont il a pu, lui auteur ‘non raci­­­­sé’, trai­­­­ter de son sujet.

Le livre est égale­­­­ment atta­­­­chant par son double portrait de Roscoff d’une part et de Willow, le poète qui le fascine tant, de l’autre.

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